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La Réunion reste un territoire jeune en comparaison des autres départements français : les personnes de moins de 20 ans (30,2 % de la population contre 24,2 % en moyenne au niveau national) sont trois fois plus nombreuses que les 65 ans ou plus.

Le contexte socio-éducatif de La Réunion

858 000 personnes vivent à La Réunion en 2019, le million pourrait être franchi dès 2037

Avec 858 000 habitants au 1er janvier 2019, La Réunion compte près de 42 000 habitants de plus qu’il y a dix ans. La croissance démographique de l’île est dynamique mais ralentit depuis 2009, conséquence d’un solde migratoire de plus en plus négatif. La population continue cependant de croître de + 0,5 % par an entre 2009 et 2019, taux supérieur au + 0,4 % national.
La Réunion reste un territoire jeune en comparaison des autres départements français : les personnes de moins de 20 ans (30,2 % de la population contre 24,2 % en moyenne au niveau national) sont trois fois plus nombreuses que les 65 ans ou plus.

Des conditions socio-économiques moins favorables aux apprentissages qu’en France hexagonale

En 2018, près de quatre Réunionnais sur dix vivent en dessous du seuil de pauvreté métropolitain (15% au niveau national). Le taux de pauvreté culmine dans les petites communes rurales, où l’emploi est rare : plus d’un habitant sur deux vit sous le seuil de pauvreté à Sainte-Rose, Cilaos, et Salazie. La moitié des enfants et adolescents vivent dans un ménage pauvre soit 2,2 fois plus qu’en métropole, avec un risque accru de décrochage scolaire. Cela résulte en partie d’un déficit d’emplois important sur l’île malgré des créations dynamiques et à des niveaux de vie qui demeurent plus faibles qu’en métropole dans toute l’échelle des revenus. Parmi les personnes en âge de travailler, seules 46 % occupent un emploi contre 64 % au niveau national.

La Réunion est le département d’outre-mer (hors Mayotte) le plus touché par le chômage (21 % de la population active en 2019 contre 8,4 % au niveau national). Par ailleurs, 29 % des enfants n’ont pas de parent diplômé contre 11 % en métropole.

Toutes ces caractéristiques socio-économiques dégradées se traduisent par plus de la moitié des élèves scolarisés dans des réseaux d’éducation prioritaire (90 140 élèves en 2019 dans 45 réseaux et 287 écoles). La Réunion se place au troisième rang parmi les académies où les parts d’écoliers et de collégiens scolarisés en éducation prioritaire sont les plus élevées :
56 % pour La Réunion, loin devant la première académie métropolitaine (Créteil avec 35,7 %).

Les progrès depuis la création de l'académie en 1984

Des progrès incontestables en moins de 40 ans

Le système éducatif réunionnais a, en quelques décennies, incontestablement amélioré ses performances. En 1985, moins d’un jeune sur deux parvenait en troisième, ils sont un peu moins de neuf sur dix en 1995. En métropole, le processus s’est déroulé sur plusieurs décennies.

Davantage de jeunes de 16 à 19 ans scolarisés

80 % des jeunes de 16 ans à 19 ans sont aujourd’hui scolarisés, ils étaient 62 % en 1995 et 37 % en 1984. L’académie a su relever les défis de la massification grâce aux efforts conjoints de l’État et des collectivités par un investissement massif dans le bâti scolaire et les équipements pédagogiques. Pour autant la taille des établissements reste importante et de nombreuses écoles, pour la plupart construites dans les années 60, n’ont pas été réhabilitées.

Des parcours plus fluides et un accès au diplôme national du brevet comparable au national

L’académie compte aujourd’hui trois fois moins d’élèves en retard à l’entrée en sixième qu’il y a 15 ans. L’écart au taux national s’est réduit à moins de 2 points, il était de 9 points en 2005.

  • Les collèges en éducation prioritaire (EP) de l’académie se distinguent par des retards moins importants qu’en moyenne nationale : en 2020, 9,6 % des élèves de sixième (hors Segpa) scolarisés en REP+ (contre 6,6 % en REP) dans l’académie ont au moins un an de retard contre 10,3 % en moyenne pour le réseau national REP+ (contre 7,8 % en REP).
  • En troisième (hors Segpa), les élèves scolarisés au sein des collèges de l’EP de l’académie sont moins en retard que leurs homologues de l’hexagone. En REP+, 15,7 % des élèves ont au moins un an de retard en troisième dans l’académie en 2020 (après 17,8 % en 2019) contre 22,8 % au niveau national (25,9 % en 2019).
  • En REP, la proportion d’élèves de troisième en retard est de 13,7 % (15 % en 2019) contre 16,3 % pour le REP national (18,6 % en 2019).
  • Le taux d’accès d’une génération au diplôme national du brevet oscille autour de la moyenne nationale depuis 2012.

Une répartition entre les différentes voies de formations de lycée qui se stabilise

  • Sur 100 élèves scolarisés en troisième (hors Segpa) dans les collèges publics et privés sous contrat de l’académie, 60 poursuivent en seconde générale et technologique (65 au niveau national), 25 en seconde professionnelle (contre 19 au niveau national), 10 en première année de CAP (4 au niveau national). Les passages de troisième en lycée sont relativement stables sur les cinq dernières années.
  • Le taux de passage des élèves de troisième segpa vers la première année de CAP se maintient également, autour de 77 % (contre 62 % au niveau national). Il en découle une répartition stable entre les différentes voies de formation en lycée. Environ 15 000 élèves sont scolarisés en première année de lycée : sur 100, 60 sont en seconde générale et technologique, 25 en seconde professionnelle et 15 en première année de CAP.

Des taux d’accès de la seconde aux baccalauréats très proches des taux moyens nationaux

Près de neuf élèves sur dix qui entrent en seconde générale et technologique dans l’académie accèdent au baccalauréat avec ou sans redoublement. Le taux d’accès au baccalauréat
professionnel approche les 70 %. Ces taux sont comparables aux taux moyens nationaux. À l’aune des taux d’accès aux diplômes du secondaire, les lycéens de La Réunion ont des résultats désormais très proches des moyennes nationales, voire supérieurs aux séries générales du baccalauréat.
Au baccalauréat scientifique, le taux de réussite est supérieur à la moyenne nationale depuis 2014. C’est une constante chez les filles.
Bien que moins réguliers, les garçons de l’académie font également mieux en moyenne que leurs homologues de l’hexagone sur les six dernières années.

Les écarts de réussite au baccalauréat général selon l’origine sociale se sont réduits en 20 ans

Les enfants de parents sans emploi représentent 32 % de l’ensemble des candidats présents au baccalauréat général en 2019 dans l’académie, ils étaient 19 % en 1997. Sur la même période, leur taux de réussite est passé de 57 % à 90 %. Il a progressé plus vite qu’au niveau national.
Les lycéens, dont les familles appartiennent aux catégories socioprofessionnelles défavorisées, constituent 41 % de l’ensemble des bacheliers généraux de l’académie en 2019 alors qu’ils représentaient 26 % des bacheliers en 1997.

L’académie compte en proportion plus de lycées dont les performances au baccalauréat sont supérieures aux attendus

Dans l’académie, l’espérance d’obtenir le baccalauréat pour un élève de sixième est de 66,9 % (contre 65,5 % en 2015). Cette probabilité d’obtenir le baccalauréat dans l’académie est bien en deçà des moyennes des académies de l’hexagone. Mais elle est supérieure au taux attendu au regard des caractéristiques sociales de l’académie.
Sur les sessions 2018 et 2019, 47 % des lycées professionnels de l’académie sont considérés comme performants contre 12 % en moyenne sur le plan national.

Un taux de poursuites d’études supérieures comparable à la moyenne nationale.

En 2019, 77,5 % des bacheliers de l’académie accèdent à l’enseignement supérieur. C’est un taux inférieur au pic de 2016 (81,3 %) mais qui reste comparable à la moyenne nationale.

Plus de lycéens d’origine sociale défavorisée dans les classes préparatoires aux grandes écoles qu’il y a 15 ans

Trois étudiants sur dix inscrits dans les classes préparatoires aux grandes écoles (public) dans l’académie sont d’origine sociale défavorisée. C’est 1,6 fois plus qu’il y a 15 ans.

La part des jeunes de 16 ans à 29 ans sortant sans diplôme a été divisée par 2 en 20 ans

  • Au recensement de 2017, près de trois quarts des jeunes Réunionnais âgés de 16 à 29 ans arrêtent leurs études en ayant obtenu au moins un diplôme de niveau V. Ils étaient à peine 46 % il y a 20 ans. L’écart avec la métropole s’est sensiblement réduit mais reste encore significativement élevé (-10 points en 2017).
  • Le nombre de jeunes qui arrêtent leurs études sans avoir obtenu un diplôme est passé de 54,3 % en 1999 à 26,7 % en 2017.

Les points de vigilance

Près d’un jeune sur sept en situation d’illettrisme en 2019.

La Journée défense et citoyenneté (JDC) instaurée en 1997, obligatoire pour les citoyens français entre 17 à 25 ans, comporte trois volets : l’automaticité de la lecture, les connaissances lexicales et les traitements de supports écrits. Ils permettent d’établir des profils de lecteurs à 17 ans.

  • En 2019, 28,6 % des jeunes réunionnais sont en difficulté de lecture à La Réunion. C’est un peu moins que les autres DROM mais c’est 12,4 points de plus que l’académie métropolitaine la plus touchée en France hexagonale (Amiens avec 16,2 %).
  • Près d’un jeune sur sept dans l’académie peut être considéré comme en situation d’illettrisme selon les critères de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI) : c’est trois fois plus que la moyenne nationale.

Des difficultés pour la maîtrise du français dès le primaire

Les difficultés pour la maîtrise de langue sont perceptibles dès l’entrée au CP, notamment pour la compréhension à l’oral.
En 2019, 54,7 % des enfants de CP scolarisés dans l’académie ont une maîtrise satisfaisante de la « compréhension des mots entendus / lus par l’enseignant » contre 70,3 % au niveau
national.
Pour la reconnaissance des lettres et la conscience phonologique, les résultats se situent dans la moyenne nationale. Les fragilités dans la maîtrise du français repérées par les évaluations sont également perceptibles en CE1 et à l’entrée en sixième.

Des difficultés en mathématiques, en particulier pour la résolution des problèmes

  • En début CP, un élève sur deux maîtrise la résolution des problèmes dans l’académie en 2019. C’est 16 points de moins que la moyenne nationale.
  • L’écart à la moyenne nationale est également très significatif pour la compétence « comparer les nombres » : 65,6 % de maîtrise satisfaisante dans l’académie contre 76,6 % au niveau national soit un écart de - 11 points.

Des résultats aux évaluations à l’entrée en sixième en progrès en français mais en retrait et plus fragiles en mathématiques

Que ce soit en primaire où à l’entrée au collège, les résultats aux évaluations sont globalement inférieurs aux moyennes nationales.

  • En sixième, le socle en français est considéré comme maîtrisé par 79,4 % des élèves de l’académie en 2020 (vs 88,3% au niveau national). Cependant, les collèges en éducation prioritaire renforcée (REP+), distinguent en français par des taux de maîtrise supérieurs aux taux nationaux.
  • En mathématiques, les résultats sont en retrait en 2020 et bien en deçà des moyennes nationales pour l’ensemble des collèges publics.

Les garçons accèdent moins que les filles au diplôme national du Brevet et au lycée général, et sont plus en difficulté de lecture lors des tests de la JDC

À tous les moments clés du parcours, de l’école à l’enseignement supérieur, les garçons accusent un retard sur les filles. Un peu plus en retard à l’entrée en sixième (10 % contre 6 % des filles), les garçons sont moins performants aux évaluations.

  • C’est en français que l’écart en faveur des filles est le plus significatif : près de 13 points de plus que les garçons en 2019 (contre un écart de 8 points en faveur des filles au niveau national).
  • À la sortie du collège, moins de garçons accèdent au diplôme national du brevet (DNB) : le taux d’accès d’une génération au DNB peine à franchir la barre des 77 % pendant que les filles se maintiennent au dessus de la barre des 90 % (91 % en 2019) depuis que celle-ci a été franchie en 2015.
  • Avec de moins bons résultats au DNB, aussi bien en série générale qu’en série professionnelle, à peine un garçon sur deux poursuit en lycée dans une formation générale et technologique (48 % contre 65,3 % des filles en 2019).
  • Et les passages en CAP sont deux fois plus fréquents pour les garçons que pour les filles (14,3 % contre 7,3 % en 2019, soit un écart moyen trois fois plus élevé que l’écart moyen national).
  • À la sortie du lycée, les garçons réussissent moins que les filles, notamment aux baccalauréats professionnels (écart moyen de 6 points). Et une fois le baccalauréat obtenu, ils sont moins nombreux à poursuivre des études supérieures (73 % des garçons titulaires du baccalauréat poursuivent des études supérieures en 2019 contre 81% des filles).
  • Lors des tests de la JDC, un tiers des garçons sont considérés comme étant en difficulté de lecture contre à peine un quart des filles. L’écart entre les garçons et les filles dans l’académie est deux fois plus élevé qu’au niveau national.

En 20 ans, le niveau de formation des jeunes garçons a beaucoup moins progressé que celui des filles

La part des jeunes filles de 16 ans à 29 ans diplômées du supérieur a doublé entre 1999 et 2017 : 25 % des jeunes filles sont titulaires d’un diplôme supérieur en 2017 (31 % au niveau
national), elles étaient 12 % dans cette situation en 1999.
Les garçons, avec seulement 15 % en 2017 (contre 42 % au niveau national), accusent un retard de 10 points sur les filles (figure 22).

Le diplôme : un facteur déterminant de l’insertion des jeunes

Le fait d’être diplômé joue de façon essentielle sur l’insertion professionnelle des jeunes :

  • ainsi 20 % des lycéens sortants en 2018 ou 2019 ayant obtenu leur diplôme sont en emploi contre 12 % pour ceux qui ne l’ont pas eu.
  • Pour les apprentis, le taux d’emploi s’élève à 48 % pour les sortants diplômés contre 31 % pour les sortants non diplômés.
  • Pour les jeunes sortant de lycée, cet avantage s’accentue avec le niveau de formation (+ 11 points pour les sortants de BTS, vs + 5 points pour les sortants de CAP).

Mise à jour : septembre 2023